Guerre de cinq jours
La guerre russo-géorgienne a eu lieu du 7 au 12 août 2008. Ce conflit impliquait les forces séparatistes pro-russes en Ossétie du Sud et en Abkhazie, deux États de facto en Géorgie. Dans un contexte très tendu entre la Géorgie et les deux territoires séparatistes, de même qu’avec la Russie dû aux politiques pro-occidentales de la première, la Géorgie a lancé une offensive militaire pour reprendre le contrôle de l’Ossétie du Sud [1]. En réponse, la Russie est intervenue en envoyant des troupes dans les deux États de facto, déclarant qu’elle intervenait pour protéger les civils et les ressortissants russes. Le conflit s’intensifiant, les forces russes ont atteint la ville de Gori, près de la capitale Tbilissi, en cinq jours. Un cessez-le-feu fut négocié sous l’égide de la France, le 12 août 2008 [2].
Pluralité des discours
Le président du Parlement géorgien, Shalva Papuashvili, affilié au parti au pouvoir Rêve géorgien, a souligné, le 8 août 2024, la fragilité de la paix et la responsabilité des dirigeants politiques de prévenir la guerre dans le pays [3]. Le président du Rêve géorgien, Irakli Garibashvili, a saisi l’occasion pour vanter son travail en prononçant un discours où il a loué le rôle du parti dans le maintien d’une paix ininterrompue dans le pays [4]. Quant au maire de Tbilissi et secrétaire général du Rêve géorgien, Kakha Kaladze, il a déclaré que les conséquences terribles de cette guerre avec la Russie restaient une plaie ouverte pour le pays [5]. Toutefois, ces discours semblent être teintés d’une partisanerie politique en faveur de la pérennité du parti.
Pour la société civile, elle n’a pas oublié les pertes humaines, ni même la crise économique et politique qui s’en est suivie [6]. Elle rêve de finalement intégrer l’Europe, un mirage promis par bien des politiciens. Elle manifeste contre l’adoption de lois contraignantes, notamment celle envers les agents étrangers, et milite avec intensité son désir de se distancer de la Russie [7]. Comme Kaladze l’a dit, ce conflit est toujours une plaie ouverte et la population semble vouloir la panser par l’incarnation officielle d’un peuple indépendant, distinct et surtout souverain des influences extérieures.
Souveraineté géorgienne
Il semblerait que la souveraineté territoriale de la Géorgie est compromise. Il y a plusieurs bases militaires russes sur son territoire, notamment en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Bien que l’ancienne ministre des Affaires étrangères et désormais Présidente du pays, Salomé Zourabichvili ait réussi à conclure un retrait de ces bases en 2005, elles furent de retour dès la guerre d’août. De plus, aucun traité territorial ne fut conclu avec la Russie, car cette dernière supporte et reconnaît officiellement les deux États de facto, reconnaissance que la Géorgie réfute sans compromis [8].
Économiquement parlant, un processus de privatisation intensive fut débuté dès 2003, chapeautée par le ministre de la Réforme économique, Bendoukidzé Kakha. Cette privatisation contribua à la perte de souveraineté de la Géorgie, par la vente massive d’entreprise d’État et des ressources naturelles du pays [9]. L’exemple le plus frappant fut la privatisation du service des douanes géorgiennes, cédées à une entreprise britannique [10]. De plus, la majorité des ressources naturelles furent vendu à des entreprises russes privées ou étatiques. Ainsi, la Géorgie a liquidé son gagne-pain national, perdant sa chance de commercialiser ses produits intérieurs et de réinvestir les profits dans le développement de la province et les services à la population.
Des manifestants brandissent des drapeaux nationaux géorgiens lors d’une manifestation contre le projet de loi controversé sur l’"influence étrangère" voulu par le gouvernement, dans le centre de Tbilissi, en Géorgie, le 2 mai 2024. © Zurab Tsertsvadze, AP
Alternative possible ?
Depuis les dernières décennies, la Chine et la Géorgie se sont rapproché, entretenant des relations commerciales et diplomatiques engageantes. La Chine a refusé de reconnaître l’existence de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, et en contrepartie, la Géorgie a statué qu’il n’y a qu’une seule Chine, reconnaissant Taïwan comme faisant partie de la Chine continentale. Aussi, la Géorgie collabore avec l’initiative Belt and Road, en lien avec l’itinéraire commercial Couloir du milieu avec la Chine [11]. Ce partenariat représente un potentiel bouclier pour la Géorgie fasse à une invasion russe du territoire, mais pourrait également se faire au détriment de l’intégration euro-atlantique, en raison des tensions entre la Chine et l’Occident [12].
Xi Jinping rencontre le Premier ministre de la Géorgie, Irakli Garibachvili. Souce : Ambassade de la RPC Gabonaise
Conclusion
Bien que ce conflit ait soufflé ses 16 bougies cette année, il semblerait que la lutte pour l’influence géopolitique en ex-Union soviétique et les intérêts de la Russie dans la région soient encore bien d’actualité. Cette image de David contre Goliath n’est peut-être alors qu’une simple personnification, à l’image de cette paix entre les deux États, car la Géorgie semble encore avoir les mains liées après toutes ses années.