La politique étrangère de Singapour est fortement influencée par les conditions géopolitiques et ses relations avec les autres pays d’Asie du Sud-Est, en termes d’économie et de commerce [2]. La politique étrangère mise en œuvre repose sur quatre principes : le principe de vulnérabilité et de souveraineté, la démographie, l’emplacement stratégique et la base de ressources [3]. Le point de vulnérabilité en tant que petit État a été crucial pour déterminer la position de Singapour face aux défis et aux opportunités, quels que soient le style et l’approche de ses dirigeants.
Lawrence Wong, premier ministre de Singapour
Premières visites dans les pays de l’ASEAN
Après quelques jours au pouvoir, Wong a effectué ses premières visites d’État au Brunei Darussalam et en Malaisie. Au Brunei Darussalam, Wong a réaffirmé l’engagement de Singapour à renforcer les relations privilégiées entre les deux pays, notamment dans les domaines de la finance, de l’économie et de la coopération multiforme entre les forces armées et les jeunes dirigeants.
Par la suite, lors de sa visite en Malaisie, Wong a déclaré que Singapour soutiendrait pleinement la présidence malaisienne de l’ASEAN l’année prochaine et collaborerait à établir un programme ambitieux pour l’avenir de cette organisation. Ces visites d’État bilatérales reflètent les liens politiques, économiques et culturels solides entre Singapour, le Brunei Darussalam et la Malaisie. Elles visent donc à maintenir et à renforcer ces relations [4].
Style de leadership et défis
En plus de faire les mêmes premières visites que son prédécesseur, il est peu probable que la politique étrangère de Singapour sous Wong change significativement par rapport au précédent PM, Lee Hsien Loong. De manière générale, la politique étrangère mise en œuvre par les précédents premiers ministres est encore très influencée par le fondateur du pays, le premier PM, Lee Kuan Yew [5]. Le premier ministre actuel a mis l’accent sur la position stratégique, l’inclusivité régionale et l’action collaborative envers l’ASEAN pour relever les défis communs dans un contexte de tensions géopolitiques et d’incertitudes économiques [6]. Le contexte actuel de rivalité entre les États-Unis et la Chine justifie le maintien de cet héritage stratégique.
Cependant, au niveau individuel, le style de leadership de Wong est très influencé par sa carrière politique et son expérience. La carrière politique de Wong a commencé lorsqu’il a rejoint le Parti d’action populaire (People Action Party, PAP) pour les élections générales de 2011. Peu de temps après être devenu ministre des Finances (2021-2022), Wong s’est concentré sur les affaires intérieures de Singapour telles que l’économie, le commerce et la gestion des problèmes liés à la pandémie de COVID-19. Au cours des dernières années, Wong a relevé de nombreux défis de politique domestique et gouvernementale, ce qui le rend moins connu dans la sphère internationale et dans la région que Lee Hsien Loong [7].
En outre, Wong est préoccupé par un problème intérieur émergent à Singapour. Malgré des problèmes nationaux tels que le logement social et les difficultés politiques internes au sein du PAP, l’engagement en ligne du Parti communiste chinois (CCP) a une influence significative en Asie du Sud-Est, y compris à Singapour. Alors que les campagnes en ligne du CCP ciblent la jeune génération, Singapour doit faire face aux récentes cybermenaces et renforcer ses programmes de littératie numérique pour les aider à évaluer de manière critique le contenu en ligne [8].
Engager les États-Unis et la Chine en Asie du Sud-Est
Au niveau régional, le positionnement de l’Asie du Sud-Est a été stratégique dans la région Indo-Pacifique, permettant de s’engager, de coopérer et de rivaliser avec les grands pays. Sous la direction du PM Wong, Singapour poursuivra son approche prudente d’équilibre et de couverture face à la rivalité entre les États-Unis et la Chine, reflétant l’intérêt stratégique du pays à maintenir de bonnes relations avec les deux superpuissances [9]. Les approches de Singapour sous le premier ministre Wong peuvent être prédites comme suit.
Rivalité entre les États-Unis et la Chine en Asie du Sud-Est. Source : Statista
Deuxièmement, Singapour va continuer à mener une politique économique pragmatique, reconnaissant l’interdépendance économique entre les États-Unis et la Chine. Cela inclut la participation à des accords commerciaux régionaux impliquant les deux superpuissances, telles que l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) et le RCEP [10]. Cependant, pour atténuer les risques de dépendance, Singapour cherche à diversifier ses partenariats économiques avec d’autres partenaires tels que le Japon, la Corée du Sud, l’Union européenne (UE), l’Inde, l’Australie et le Canada.
Troisièmement, Singapour continuera à jouer un rôle diplomatique actif pour défendre la centralité de l’ASEAN dans les affaires régionales, consolidant ainsi sa position comme l’un des pays les plus influents du bloc. Singapour soutient les mécanismes dirigés par l’ASEAN pour maintenir la paix et la stabilité en Asie du Sud-Est. Wong souligne l’importance d’un ordre international fondé sur des règles pour gérer les tensions et les conflits. Il défend la nécessité de faire respecter le droit et les normes internationales, en particulier dans les zones controversées comme la mer de Chine méridionale.
Dans l’ensemble, sous la direction du premier ministre Lawrence Wong, Singapour restera la principale force économique de l’ASEAN tout en maintenant une approche équilibrée et pragmatique de la rivalité entre les États-Unis et la Chine. Cette approche se concentre sur la neutralité stratégique, la stabilité régionale, le pragmatisme économique, la promotion du dialogue et les partenariats technologiques équilibrés. Cette approche permet à Singapour de réaliser ses intérêts nationaux et de gérer les complexités de la rivalité, de la sécurité avec les États-Unis et des affaires avec la Chine.