Indépendant depuis 1984 et ancien protectorat britannique, le Brunei est classé comme ayant l’un des niveaux de vie les plus élevés d’Asie. Cela s’explique notamment par l’économie de l’État qui repose essentiellement sur le secteur des hydrocarbures, représentant près de 60% du produit intérieur brut (PIB) [2], ainsi que par la stabilité politique émise par le gouvernement du Sultan, Hassanal Bolkiah, qui a introduit le développement d’un programme de protection sociale pour la population [3].
Fortement riche, le Brunei était l’État avec le 2e PIB par habitant le plus élevé d’Asie du Sud-Est en 2021, et ce, évalué à 31 449 $USD [4]. La richesse du pays provient notamment des revenus des vastes réserves pétrolières ainsi que des revenus contrôlés par le gouvernement [5]. Or, avec l’épuisement des réserves naturelles du Brunei, de la chute des prix du pétrole en 2015 et du ralentissement des principales économies mondiales depuis la pandémie de la COVID-19, la diversification économique du secteur des hydrocarbures du pays est devenue un pilier nécessaire de la politique de développement économique de l’État [6].
Ainsi, le Wawasan Brunei 2035 vise notamment à réduire cette dépendance en stimulant de nouvelles sources de revenus tel qu’en favorisant la montée du secteur privé et en attirant les investissements directs étrangers [7].
La stratégie nationale du Brunei
En 2004, la stratégie nationale du Brunei pour le futur fut formulée pour la première fois. Sous la supervision du Sultan, un conseil pour la planification du développement à long terme a été créé. En 2007, celui-ci a publié les recommandations du Wawasan Brunei 2035 [8]. La prospérité du Brunei ne pouvant pas être prise comme acquise, treize stratégies ont été identifiées afin de garantir le développement du pays. Parmi celles-ci, c’est la stratégie économique qui permettra la modification de la politique économique du Brunei et qui évitera alors la dépendance aux hydrocarbures.
En janvier 2021, le ministère des Finances et de l’Économie du Brunei a lancé un nouveau projet de développement économique, The Brunei Economic Blueprint, afin de varier les activités pétrolières du pays et donc, atteindre le troisième objectif du Wawasan Brunei 2035. Le projet met, entre autres, l’accent sur l’importance de la requalification d’une main-d’œuvre locale, de la mise en place de politiques commerciales ouvertes (investissements étrangers et nationaux) et de la promotion d’un environnement commercial favorable. Pour y arriver, le gouvernement a mis en place six stratégies : le développement d’un environnement productif et commercial mettant de l’avant la technologie et l’innovation ; la promotion de l’apprentissage continu et de la main-d’œuvre ; l’expansion de l’économie au monde entier ; la préservation de l’environnement ; le développement d’infrastructures pour soutenir les entreprises ; et le maintien d’une bonne gouvernance ainsi que l’excellence du service public de l’État [9].
Les objectifs du Wawasan Brunei 2035
L’objectif d’une économie dynamique et durable du Wawasan Brunei 2035
L’engagement du Brunei en matière de développement énergétique durable
L’avenir du Brunei
Jusqu’à présent, le Brunei Economic Development Board (BEDB) a réussi à jouer un rôle important dans l’élaboration et l’atteinte des objectifs du Wawasan Brunei 2035. Le BEDB a permis aux investisseurs étrangers d’avoir un système accéléré pour l’obtention des permis, des licences et des approbations. Par le fait même, des incitations fiscales ont également été offertes par le pays, par exemple, en donnant une exonération de l’impôt sur les sociétés pendant cinq ans pour les industries non pétrolières telles que les technologies environnementales ou les sociétés agroalimentaires [10]. Le Sultan Hassanal Bolkiah vise également à développer la bio-industrie grâce au développement d’investissements dans la recherche et par l’élargissement de l’industrie halal [11].
Ces situations ont notamment renforcé la reconnaissance internationale du Sultanat comme une destination propice aux investissements. D’ailleurs, les liens commerciaux avec la Chine ont particulièrement été renforcés. En 2016, par exemple, un revenu total de 500 millions de dollars d’investissement entre le Brunei et la Chine s’est vu annoncé à la suite de trois nouveaux projets conjoints [12].
Toutefois, il est important de souligner qu’en Asie, le Brunei est le pays avec le moins de taxes. Il n’y a pas d’impôt sur le revenu des individus, de taxe à l’exportation, d’impôt sur les salaires ou même de taxe sur la production. Ce système a principalement pu être instauré grâce aux actifs en hydrocarbures du Brunei [13]. Ainsi, avec la diversification de l’économie et la diminution de l’exploitation des hydrocarbures, il restera à se questionner si le Sultan finira par introduire certaines taxes au pays pour continuer à maintenir la qualité et le mode de vie de sa population. Or, cela pourrait, en quelque sorte, ajouter certaines tensions politiques avec les citoyens [14].
Sachant également que certains pays de la région du golfe persique ont toujours de la difficulté à diversifier leurs ressources en hydrocarbures, le Brunei sera-t-il capable de relever ce défi ? Encore aujourd’hui, la production de pétrole et de gaz aux Émirats arabes unis est estimée à 30% du PIB [15], malgré les efforts du pays à diversifier son secteur des hydrocarbures.
En bref, les objectifs de Wawasan Brunei 2035 ne sont pas voués à l’échec. Toutefois, le Sultanat se doit d’élaborer des politiques stimulantes et compétitives, en prenant en considération tout changement drastique pouvant résulter à des frictions avec la population locale.